La présente invention concerne un dispositif de protection d'un réseau alternatif de distribution contre les courants de court-circuit, ainsi qu'un disjoncteur-limiteur appro¬ prié à un tel dispositif. ^{' •}

Dans le but d'assurer une telle protection, il est connu depuis plusieurs années d'utiliser des disjoncteurs de type li iteur. Peu encombrants et légers, ces disjoncteurs sont capables d'effectuer une coupure ultra-rapide de. courants présumés très importants, par exemple de 50 à 100 kA, en limitant l'intensité crête à une valeur de 15 à 30 kA par exemple. Les efforts électrodynamiques dans les jeux de barres sont ainsi réduits à des valeurs environ dix fois plus faibles que celles rencontrées avec des disjoncteurs non limiteurs et les énergies mises en jeu sont environ trente à cent fois plus faibles.

Les disjoncteurs-limiteurs présentent des contacts sépara- bles et un déclencheur magnétique susceptible d'ouvrir ces contacts par l'intermédiaire d'une serrure quand le courant atteint un seuil de déclenchement ; les contacts séparables - ou d'autres contacts séparables en série avec ceux-ci -

sont susceptibles d'être ouverts très rapidement par répul¬ sion électrodynamique lorsque le courant qui les traverse atteint un seuil de répulsion généralement légèrement supé¬ rieur au seuil de déclenchement.

De ce fait, les disjoncteurs-limiteurs ont généralement pour inconvénient de manquer de sélectivité et, si l'on utilise de tels appareils répartis sur plusieurs niveaux dans un système de distribution, on constate que le fonctionnement du système n'est pas satisfaisant. En effet, dès que le courant atteint dans un disjoncteur-limiteur aval le seuil de limitation, les contacts à répulsion électrodynamique du disjoncteur s'ouvrent. Comme le courant continue de croître pendant 1,5 à 2 ms avant de régresser, il risque de dépasser le seuil de limitation du disjoncteur-limiteur amont associé et l'on peut craindre que celui-ci déclenche également avec pour résultat la coupure de l'ensemble des branches aval qu'il alimente. Il en résulte que l'on désire, pour assurer la continuité de service, disposer aux niveaux amont des disjoncteurs dits sélectifs laissant passer la pointe de courant plutôt que des disjoncteurs-limiteurs.

L'absence de disjoncteurs-limiteurs au niveau immédiatement en amont - et a fortiori aux autres niveaux amont - entraîne dès lors des courants de court-circuit plus élevés et des efforts électrodynamiques considérables, ce qui nécessite d'utiliser pour le système de distribution des disjoncteurs lourds et chers et des jeux de barres très rigides et donc coûteux.

L'invention a notamment pour but d'obvier à ces inconvé¬ nients en concevant un dispositif de protection qui comprend des disjoncteurs-limiteurs sur au moins deux niveaux succes¬ sifs du système de distribution et qui présente néanmoins la sélectivité souhaitée.

Elle a pour autre but d'obtenir une telle sélectivité à l'aide de moyens électroniques simples et vise enfin à

privilégier la sécurité dans le cas d'un défaut affectant le bon fonctionnement desdits moyens.

Ά L'invention concerne un dispositif de protection d'un réseau 5 alternatif de distribution contre les courants de court- circuit, le réseau comprenant au moins un disjoncteur- limiteur amont et au moins un disjoncteur-limiteur aval placés en série sur une branche amont et respectivement au moins une branche aval dépendante du réseau et comportant

10 chacun un circuit principal de puissance doté de contacts séparables, d'un déclencheur magnétique susceptible d'ou¬ vrir lesd ts contacts lorsque le courant atteint un seuil de déclenchement et d'un li iteur capable d'ouvrir lesdits contacts - ou d'autres contacts en série avec ceux-ci -

15 lorsque le courant atteint un seuil de limitation.

Selon l'invention, la branche aval est munie d'un capteur d'intensité relié à un -circuit de traitement qui génère un signal de neutralisation pour le disjoncteur-limiteur amont

20 lorsque le courant dans la branche aval dépasse un seuil de neutralisation déterminé inférieur au seuil de déclenche¬ ment et/ou au seuil de répulsion du disjoncteur-limiteur amont ; un couple de thyristors tête-bêche est disposé en parallèle au circuit principal de puissance du disjoncteur-

25 limiteur amont ; un circuit de commande des gâchettes des thyristors est agencé et commandé par le signal de neutrali¬ sation provenant du disjoncteur-limiteur aval pour rendre passants les thyristors et inhiber pendant une durée au plus égale à une alternance le circuit principal de puissance du

30 disjoncteur-limiteur amont.

On parvient ainsi, par des moyens électroniques de neutrali¬ sation très simples, à concilier la sélectivité recherchée ^ avec l'usage de disjoncteurs-limiteurs. 35

La description faite ci-après d'un exemple de réalisation non limitatif va permettre d'expliciter d'autres caracté¬ ristiques et avantages de l'invention.

La figure 1 est le schéma du dispositif de protection conforme à l'invention ;

La figure 2 représente l'évolution d'un courant de court-circuit et de la tension correspondante d'arc du disjoncteur-limiteur aval dans le dispositif de la figure 1.

Le dispositif de protection illustré sur la figure 1 vise à protéger un réseau alternatif de distribution contre "les courants de court-circuit. Le réseau présente plusieurs niveaux de distribution successifs, à savoir par exemple des niveaux terminaux Ni, des niveaux secondaires N2 et un niveau général N3.

Entre les niveaux Ni et N2 sont disposés des disjoncteurs- limiteurs Dl, D'1, etc.. ; entre N2 et N3 des disjoncteurs- limiteurs D2, D'2, etc.. ; en amont de N3 un disjoncteur éventuellement limiteur D3". Les disjoncteurs-limiteurs en question peuvent être à commande manuelle, électrique, pneu¬ matique, etc..

Chaque disjoncteur-limiteur présente un circuit principal de puissance doté d'un déclencheur magnétothermique 10 agis- sant via une serrure 11 sur des contacts séparables 12. Le circuit principal de puissance présente un organe limiteur non indiqué, intégré ou juxtaposé au disjoncteur proprement dit et comprenant des contacts séparables à répulsion électrodynamique ou à percussion confondus avec les contacts 12 ou en série avec ceux-ci.

Dans chaque branche comprenant un disjoncteur-limiteur Dl, D'1, ... et dépendante de la branche amont du réseau sur laquelle est disposé le disjoncteur-limiteur D2, on prévoit un capteur d'intensité 13 dont la sortie est connectée à un circuit de traitement de signal à seuil 14 susceptible de délivrer un signal de neutralisation S. Le capteur 13 peut avantageusement faire partie du déclencheur magnétique. Le

circuit de traitement à seuil peut être intégré au disjonc¬ teur-limiteur amont D2 ou à un bloc additif associé à celui- ci. Dans le cas présent, les circuits de traitement à seuil 14 sont associés aux disjoncteurs-limiteurs Dl, D'1, ... et leur servent de circuits de sortie, en étant eux-mêmes reliés au disjoncteur-limiteur amont D2, plus précisément à un circuit d'entrée 15 associé à ce dernier. Le circuit d'entrée 15 est connecté a un circuit 16 de commande des gâchettes de thyristors THl, TH2 montés tête-bêche en paral- lèle au circuit principal de puissance du disjoncteur- limiteur amont D2. Selon les cas et notamment en fonction du mode de transmission adopté - bus monoconducteur ou liaison à plusieurs conducteurs - le circuit de traitement à seuil 14 de Dl, D'1, ... ou le circuit d'entrée 15 de D2 présente un élément logique assurant la combinaison logique OU. Dans le cas le plus simple, cet élément logique est une diode 18 permettant la neutralisation de D2 à partir de l'un quelcon¬ que des disjoncte.urs-limiteurs dépendants Dl, D'1, ...

Le fonctionnement du dispositif selon l'invention va être expliqué en regard de la figure 2.

Lorsque survient un courant de court-circuit Icc susceptible de se développer selon la courbe "Icc présumé" dans le circuit terminal protégé par Dl, le limiteur de Dl ouvre la branche correspondante à l'instant t-, puis le déclencheur magnétothermique de Dl confirme cette ouverture ; il se développe ainsi une tension d'arc U _ARC aux bornes de Dl.

Les valeurs 1 _* 1 / I _Dι ^et ï _p -i désignent respectivement pour le disjoncteur-limiteur Dl les seuils de courant de neutralisa¬ tion du circuit de traitement à seuil 14, de déclenchement de la serrure 11 et de limitation ou de répulsion électrody¬ namique de l'organe limiteur. Les valeurs I _A2 ' n2' _R 2 ^e< " I _A3 r * _r) 3 ^{r J} R3 désignent des seuils homologues pour les disjoncteurs-limiteurs D2 et D3. Le dispositif ne peut fonctionner que si I _A1 < I _D2 ou I _R2 et I _A2 < I^ ou I _R3> I _A] _ peut être par exemple égal à I _Dl »

En cas de court-circuit au point A du circuit terminal protégé par Dl, dès que le courant atteint le seuil de neutralisation I _Al du circuit de traitement 14 de Dl, ce dernier délivre un signal de neutralisation S en réponse auquel le circuit 16 de D2 génère un signal d'allumage de préférence de l'ordre de quelques millisecondes pour les gâchettes des thyristors THl, TH2. L'allumage peut être rendu possible quelques"microsecondes après le passage du seuil I _A ι. Avant que le courant franchisse le seuil de limitation I _R2r ^la baisse de pression des contacts 12 entraîne, une augmentation de la tension anode-cathode des thyristors. Lorsque cette tension atteint par exemple une dizaine de volts, l'allumage de l'un des thyristors est effectif. Celui des deux thyristors qui est devenu passant shunte les contacts du circuit principal de puissance du disjoncteur-limiteur amont D2 juste avant que le courant passe par le seuil de limitation I _R2 t <3 ^e 1 ^≥ sorte, le courant est transféré dans le thyristor en empê ^* chant le déclenchement de l'organe limiteur et de la serrure -de D2. Le disjoncteur-limiteur D2 continue donc avec l'aide des thyristors tête-bêche d'alimenter les branches aval portant D*l, etc.. ce qui détermine la continuité de service recherchée.

Le seuil de déclenchement I _D , puis le seuil de limitation I„, ayant été dépassés dans le disjoncteur-limiteur Dl, celui-ci coupe la branche correspondante en développant une tension d'arc, de sorte que l'on constate la diminution de dlcc/dt puis de Icc.

Le thyristor mis en conduction reste à l'état passant jusqu'à ce que le courant de court-circuit repasse par zéro, c'est-à-dire conduit pendant au plus une alternance de courant. Les contacts du disjoncteur-limiteur amont D2 recommencent alors à acheminer la totalité du courant de la branche amont. Il convient de noter que la faible durée de

conduction des thyristors entraîne une faible dissipation thermique de ceux-ci et donc l'absence de radiateurs. En outre, les thyristors ne coupent pas le courant de court- circuit, puisqu'ils opèrent pour shunter et déshunter le circuit principal de puissance du disjoncteur-limiteur. Ils ne subissent donc pas à la coupure des -rr importants.

En cas de court-circuit au point B du niveau de distribution N2, la sélectivité peut être assurée de la même manière par - des moyens similaires qu'il n'est pas nécessaire de décrire davantage.

Il est prévu dans le circuit de traitement à seuil 14 une logique à retard ou un élément de temporisation interdisant la réémission d'un second signal de neutralisation dans un délai prédéterminé, par exemple supérieur au moins à quel¬ ques périodes, après l'émission du premier signal de neutra¬ lisation S. De la sorte, en cas* de soudure des contacts ou de défaut de coupure du disjoncteur-limiteur aval Dl, les disjoncteurs-limiteurs amont D2 - et éventuellement D3 si Dl n'a pas coupé - ne restent neutralisés que pendant au plus une alternance de courant. Ainsi, à l'alternance suivante, la sélectivité n'est plus assurée car les thyristors ne conduisent plus et les deux disjoncteurs amont sont alors sollicités et doivent couper ensemble si le seuil I- ₂ ^a été atteint. On notera que l'on privilégie ainsi après l'achève¬ ment du délai prédéterminé la sécurité par rapport à la sélectivité.

Le dispositif a été décrit dans un souci de simplicité pour un réseau de distribution monophasé, mais il s'applique bien entendu également à la protection de tout réseau de distri¬ bution polyphasé. Il s'utilise avantageusement dans le cas de disjoncteurs télécommandés.

Les thyristors TH1, TH2 et les circuits associés à courants faibles 15, 16 et éventuellement 14 peuvent être, soit

intégrés dans le boîtier du disjoncteur-limiteur correspon¬ dant, soit être logés dans un appareil additif 19 juxtaposa- ble audit boîtier et interconnectable avec les bornes de puissance de celui-ci.