Plusieurs opérations chirurgicales connues de l'oeil comportent un premier geste opératoire qui consiste à ménager un passage présentant la forme d'une incision, en faisant pénétrer un couteau dans un tissu cellulaire, tel que le tissu cornéen. Un deuxième geste opératoire suit et consiste à injecter un liquide anesthésique à travers le passage, à l'aide d'une canule que l'on a introduite dans ce passage. Un troisième geste opératoire a lieu après le retrait de la canule. Il consiste à réutiliser le passage, par exemple pour injecter un produit viscoélastique à l'aide d'une autre canule introduite dans ce passage.

Or, plus une opération chirurgicale est compliquée, plus elle est longue, coûteuse et fastidieuse à réaliser, et plus le risque d'une maladresse ou d'une erreur est important.

Dans le brevet américain US-2,904, 045, il est décrit une canule tranchante, qui se termine à un de ses bouts par un bord libre tranchant sur plus de la moitié de sa longueur. Lorsqu'elle est introduite dans un tissu cellulaire, cette canule y ménage un passage qui présente la forme d'une incision. Cette dernière n'est toutefois pas suffisamment large pour pouvoir tre réutilisée pour introduire dans le tissu cellulaire une autre canule non tranchante et ayant des dimensions transversales de l'ordre de celles de la canule tranchante.

L'invention a pour but de permettre de simplifier les opérations chirurgicales dans lesquelles un passage ménagé pour injecter et/ou extraire un fluide à l'aide d'une

canule doit pouvoir tre réutilisé après le retrait de cette canule.

A cet effet, l'invention a pour objet une canule rigide d'acheminement d'un fluide, comportant un bout libre où la canule se termine par un bord libre fermé sur lui- mme, ledit bord libre de la canule étant tranchant sur au moins la moitié de sa longueur, caractérisée en ce que la canule a une section transversale allongée au moins à son bout libre et en ce qu'elle définit au moins une arte tranchante extérieure, qui s'étend latéralement au niveau d'une première extrémité de la section transversale allongée, depuis un tronçon tranchant du bord libre.

La canule selon l'invention incise le tissu en mme temps qu'elle est mise en place. L'incision formée est suffisamment large pour pouvoir tre réemployée pour introduire une autre canule ayant des dimensions transversales de l'ordre de celles qui a incisé le tissu, si bien qu'un geste opératoire est supprimé. De plus, comme cette canule sert à la fois comme couteau et comme canule, le nombre d'instruments chirurgicaux employés est réduit.

Selon d'autres caractéristiques avantageuses de cette canule : - la canule définit une deuxième arte tranchante extérieure, qui s'étend latéralement au niveau d'une deuxième extrémité de la section transversale allongée, depuis le tronçon tranchant du bord libre ; - le bord libre de la canule est tranchant au moins depuis une première extrémité de ladite section transversale allongée jusqu'à une deuxième extrémité de cette section transversale allongée ; - le bord libre de la canule est tranchant sur au moins 0,8 mm ; - le bord libre de la canule est tranchant sur toute sa longueur ;

- là où il est tranchant, le bord libre est constitué par deux chanfreins qui se rejoignent ; - au niveau dudit bout libre, la canule définit une avancée qui s'étend au-delà d'un premier tronçon dudit bord libre et se termine par un deuxième tronçon de ce bord libre, au moins ce deuxième tronçon étant tranchant ; - le bord libre de la canule s'étend selon une ligne sensiblement contenue par un plan perpendiculaire à la canule ; - à l'opposé dudit bout libre, la canule est pourvue d'un embout de montage.

L'invention sera bien comprise à la lecture de la description qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple et faite en se référant aux dessins annexés, sur lesquels : -la figure 1 est une vue latérale d'une canule selon un premier mode de réalisation de l'invention, - la figure 2 est une vue latérale d'une portion d'extrémité d'une canule selon un premier mode de réalisation de l'invention, - la figure 3 est une vue en coupe selon la ligne III-. III de la figure 2, - la figure 4 est une vue en coupe selon la ligne IV-IV de la figure 2, - la figure 5 est une vue latérale d'une portion d'extrémité d'une canule selon un deuxième mode de réalisation de l'invention, et - la figure 6 est une vue en coupe selon la ligne VI-VI de la figure 5.

Les figures 1 à 4 représentent une canule rectiligne 101, qui délimite un passage intérieur 102 pour un fluide à injecter ou à extraire.

Un premier bout 103 de la canule 101 est pourvu d'un embout 104 de montage de cette canule 101 par exemple sur une seringue non représentée.

A l'opposé de cet embout 104, la canule 1 comporte un second bout libre 105, où elle se termine par un bord libre 106 fermé sur lui-mme.

Comme ceci est visible à la figure 3, la canule 101 a une section transversale allongée, qui comporte deux extrémités 107 et 108.

Au niveau de son bout libre 105, la canule 101 forme une avancée 109, qui s'étend au-delà d'un tronçon non tranchant 110 du bord libre 106.

Un autre tronçon 111 de ce bord libre 106 est défini par l'avancée 109. Il est courbe et s'étend de l'extrémité 107 à l'extrémité 108 de la section transversale de la canule 101. Comme on peut le voir à la figure 4, il est constitué de deux chanfrein 112 et 113, qui se rejoignent de telle manière que ce tronçon 111 soit tranchant sur toute sa longueur. En variante, le tronçon 110 du bord libre 106 peut aussi tre tranchant.

La canule 101 définit une arte tranchante, latérale et extérieure 114, qui est disposée au niveau de l'extrémité 107 et dirigée selon la direction longitudinale de la canule. Cette arte tranchante 114 s'étend sur une partie de la longueur de la canule 101, depuis le tronçon tranchant 111 du bord libre 106.

La longueur L de la canule 1 est avantageusement comprise entre 6 mm et 24 mm et, de préférence, elle est de l'ordre de 20 mm. La largeur 1 de la canule 1 est avantageusement comprise entre 0,8 et 4mm, de préférence comprise entre 1 et 3,2 mm, et plus précisément comprise entre 1 et 1,5 mm. L'épaisseur e de la canule 1 est avantageusement comprise entre 0,3 et 2 mm et, de préférence, elle est de l'ordre de 0,5 mm.

Une canule 201 selon un deuxième mode de réalisation de l'invention est représentée aux figures 5 et 6. Dans ce qui suit, on ne décrit que ce qui la distingue de la canule 101. En outre, les références désignant des parties de cette canule 201 sont obtenues en augmentant de 100 les références repérant les parties semblables sur la canule 101.

L'avancée 209 que comporte la canule 201 a une forme globalement triangulaire, si bien que le tronçon tranchant 211 du bord libre 206 définit une pointe 215. En outre, la canule 201 est symétrique par rapport à un plan P qui la coupe longitudinalement. Elle définit donc deux artes tranchantes et latérales 214 et 216, qui s'étendent au niveau des l'extrémités 207 et 208 de la section transversale de cette canule 201.

On va maintenant décrire la manière dont est destinée à tre employée chacune des canules 101 et 201. On commence par faire pénétrer, dans un tissu cellulaire tel que le tissu cornéen d'un oeil, le bout libre 105 ou 205 de la canule 101 ou 201, dont le bord libre 106 ou 206 incise ce tissu et y ménage un passage. La ou les artes latérales et tranchantes 114 ou 214 et 216 élargissent cette entaille, de sorte que le tissu cellulaire autour de la canule n'est ni étiré, ni déchiré. Une fois que la canule 101 ou 201 est suffisamment enfoncée, on injecte un liquide par exemple anesthésique dans le tissu, au moyen de cette canule 101 ou 201, après quoi cette dernière peut encore tre utilisée pour l'injection d'un autre produit, tel qu'un liquide, un gel, une solution viscoélastique, du silicone, de l'air ou du gaz intra-vitréen ou encore du substitut du vitré.

Ensuite, la canule 101 ou 201 est retirée. Le passage qu'elle s'est ménagée dans le tissu cellulaire ne se rétracte pas, puisque le tissu cellulaire autour de la canule 101 ou 201 n'était pas étirés par cette dernière. Ce

passage présente la forme d'une incision dont la largeur, avantageusement comprise entre 0,8 et 4 mm, est sensiblement égale ou supérieure à celle de la canule 101 ou 201 employée. Il est donc réutilisable pour introduire un autre instrument dans le tissu cellulaire, contrairement au passage que se ménage une aiguille traditionnelle à pointe, et qui se rétracte lors du retrait de cette aiguille.

Comme on incise le tissu cellulaire en mettant en place la canule 1,101 ou 201, un geste opératoire est supprimé. De plus, le nombre d'instruments chirurgicaux employés est réduit, puisque chacune des canules 1,101 et 201 sert à la fois comme couteau et comme canule. Il s'ensuit que, conformément au but de l'invention, les opérations chirurgicales, dans lesquelles un passage ménagé pour effectuer une injection ou une extraction d'un fluide doit pouvoir tre réutilisé après cette injection ou cette extraction, peuvent tre simplifiées en utilisant l'une des canules 101 et 201.

De plus, l'incision formée par la canule 101 ou 201 est nette en se sens qu'elle ne comporte par de déchirure.

De ce fait, elle cicatrisera mieux et plus rapidement.

Les canules 101 et 201 sont plus particulièrement destinées à tre employées en chirurgie oculaire, telle que la chirurgie du segment postérieur ou la chirurgie du segment antérieur, qui comprend la chirurgie de la cataracte et la chirurgie réfractive. Toutefois, elles peuvent également tre utilisées dans tout autre domaine chirurgical.

Bien que chacune des canules représentées 101 et 201 soit rectiligne, une canule coudée ou courbe ne sort pas du cadre de l'invention. De plus, le bord libre d'une canule selon l'invention peut s'étendre selon une ligne contenue dans un plan sensiblement perpendiculaire à la canule, ce qui signifie que cette canule ne possède pas d'avancée du type de celles référencées 109 et 209.